—  C'est une chic fille et, si on la met à la porte à cause d'Archtaft, je n'adresserai plus la parole de ma vie à ce monsieur !

On savait que Janice avait de la volonté et l'avis unanime — quoique non exprimé — fut que le chef de bureau venait, sans s'en douter, de perdre toute chance de faire sa femme de miss Lewis.

Lorsqu'elle se retrouva seule dans le hall où débouchait le grand escalier menant au bureau de sir David Woolish, Imogène sentit fondre sa superbe. Quoi qu'elle en ait dit, elle n'ignorait pas qu elle serait paralysée en face du grand patron auquel elle n'avait jamais encore adressé la parole. Et puis qu'aurait-elle à répondre ? Elle s'était rendue coupable d'indiscipline et il était logique qu'on l'en blâmât, qu'on l'en punît. Elle espérait que le châtiment n'irait pas jusqu'au renvoi pur et simple. Ce fut en tremblant quelque peu qu'elle se présenta à la secrétaire de sir David Woolish qui la reçut avec affabilité.

—  Ah ! Miss McCarthery ! Sir David Woolish vous attend, en effet. Je vais l'avertir de votre présence.

Imogène n'osa pas s'asseoir. Presque tout de suite, la secrétaire revint.

—     Si vous voulez me suivre, miss McCarthery ? L'Ecossaise pensa à Marie Stuart qu'on conduisait à l'échafaud et qui fit preuve de tant de fermeté. Ce noble exemple la ragaillardit et ce fut presque d'un pas décidé qu'elle pénétra dans le bureau du grand patron.

—  Je suis heureux de vous voir, miss Mc Carthery... Prenez place, je vous prie.

Sidérée, Imogène s'assit, ne comprenant plus très bien ce qui lui arrivait.

—  Je sais beaucoup de choses sur votre compte, miss McCarthery...

« Nous y voilà », pensa Imogène.

—  ... Et, notamment, que vous êtes née à Callander, dans cet adorable comté de Perth, que monsieur votre père était officier au service de Sa Majesté et que vous etes très fière d'être écossaise. Je vous approuve.

Imogène comprenait de moins en moins.